Les différences entre investissement et spéculation

La différence entre investissement et spéculation peut être ténue. A première vue, tous les acteurs des marchés financiers cherchent à maximiser leurs profits dans toutes les circonstances, mais cela ne représente pas la réalité. On distingue des catégories d’investisseurs et de spéculateurs aux objectifs souvent différents et parfois même opposés. Leurs perspectives, leurs estimations et leurs stratégies comprennent des particularités importantes et il est impossible de définir le profil d’un investisseur type.

L’investisseur : un acteur à long terme

De manière générale, on désigne sous le terme d’investisseur une personne, une entreprise ou une entité (fonds d’investissement, fonds de pension ou fonds souverains) dont l’objectif est l’appréciation du capital à long terme. Cette définition regroupe des stratégies différentes, qui peuvent aller de l’accumulation de dividendes sur les actions de grandes entreprises bien implantées à la diversification obtenue grâce à des investissements dans des start-ups. Il existe donc toute une palette d’investisseurs qui se différencient par leur connaissance des marchés, leur horizon de placement et leur objectif en termes de performance et de maîtrise des risques.

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La performance d’un investisseur ne peut pas être résumée au profit réalisé sur quelques jours, ni même sur quelques années. Elle doit être évaluée en tenant compte des risques pris : soit en mesurant la volatilité des performances du portefeuille de l’investisseur, soit en observant les périodes durant lesquelles le portefeuille perd de la valeur.
On peut par exemple observer la chute la plus importante (le drawdown) sur toutes les périodes confondues. Le ratio de Sharpe est l’instrument de mesure le plus simple, on le calcule en divisant la performance moyenne du portefeuille par sa volatilité, plus ce nombre est élevé, plus le portefeuille réalise de performance pour une unité de risque donnée.

L’élément principal qui distingue l’investissement de la spéculation est sans aucun doute la diversification, cette technique qui consiste tout simplement à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier garantit que la valeur de votre épargne ne fondra pas, même en cas de difficultés notables sur les marchés financiers ou de mauvais choix de placement.

En effet, en cas de hausse des taux d’intérêts, la performance des obligations à tendance à diminuer mais elle est souvent compensée par les bonnes performances des valeurs cycliques. De même, les difficultés dans un secteur d’activité ou une entreprise sont souvent le reflet de pertes de part de marché au profit d’une autre industrie ou d’une autre société.

Un investisseur possède en général un portefeuille diversifié d’actions et d’obligations. Il utilise assez peu l’effet de levier qui augmente proportionnellement les risques et la performance potentielle.

Il est toutefois de plus en plus fréquent de voir les investisseurs prendre position sur des actifs moins conventionnels : matières premières, hedge funds, marchés des devises et stratégies sur options. Ces positions lui permettront d’améliorer sa diversification, de saisir des opportunités et parfois de réduire son risque dans des conditions de marché compliquées sans toucher au fond de portefeuille qui restera plus stable.

Le spéculateur : la recherche du profit à court terme

La spéculation consiste en revanche à chercher à réaliser le maximum de profits en un laps de temps beaucoup plus court (souvent de l’ordre de quelques semaines) et avec une prise de risque plus élevée. Cela ne veut pas dire que tout est permis et qu’il faut placer toute son épargne dans l’achat d’une seule action, mais la spéculation implique que le spéculateur a une conviction forte sur l’évolution de l’action de quelques entreprises, de la valeur de certaines devises ou du cours de matières premières. Il est prêt à mettre une part importante de son capital en jeu pour profiter de la réalisation de cette conviction.

L’outil préféré du spéculateur est l’effet de levier, il consiste à emprunter de l’argent pour acheter ou vendre à découvert davantage d’actifs (matières premières, actions, indices, etc.). Cet effet de levier lui permettra de prendre des positions plus importantes que son capital de départ ne devrait l’autoriser à prendre.

Le spéculateur investira principalement dans des produits dérivés : futures, options, CFD, warrants et turbos. Ceux-ci lui permettront d’accéder à l’effet de levier de manière simple, c’est à dire sans avoir à emprunter directement de l’argent auprès d’une banque à chaque opération. Le coût de l’emprunt est en effet inclus implicitement dans le prix de tous ces produits. Cet effet de levier démultipliera ses profits, mais aussi ses risques et par conséquent ses pertes potentielles. La prudence est de mise avec ces produits très puissants qui nécessitent donc une très bonne connaissance du mécanisme des marchés financiers.

Bien entendu, tout investissement a également une part de spéculation, personne n’investit dans l’immobilier ou dans des produits financiers pour voir la valeur de son épargne s’éroder rapidement. Loin de rentrer dans un schéma binaire entre spéculation et investissement, l’achat de produits financiers et le placement de l’épargne se positionne le plus souvent sur une échelle qui comporte de nombreuses variations en termes de risques et de profits potentiels.